Hystériques !

                                     HYSTÉRIQUES

       Je devais être distrait, je suivais un documentaire animalier, je ne l’ai pas vu entrer. Elle s’est installée discrètement à côté de moi, sur le canapé. Je n’étais pas surpris car ça lui arrive quelquefois, à elle ou à une autre ; qui qu’elle soit je m’en fiche. De toute façon, elles se ressemblent toutes… Là, vous pensez déjà quel goujat ! Mais vous ne savez pas, et j’ai mon expérience de la chose, elles sont cruelles, je vous le dis ! Je suis une victime ! Chaque fois c’est pareil : je ne vais pas les chercher et je ne sais pas ce qu’elles me trouvent. Je suis tranquille chez moi. Il fait beau et la porte est ouverte. D’abord le canapé… Bon, il est confortable et suffisamment spacieux. Ensuite on s’invite à ma table ; il est vrai qu’elle ne mange jamais beaucoup. Parfois la coquine a vraiment de la suite dans les idées et je la retrouve dans ma chambre sans que je l’aie vu passer. Que des brunes, qui me harcèlent ; allez savoir pourquoi, et toutes hystériques !

       Ce soir le même scénario commençait, à cela près qu’elles étaient deux. Jusque-là, j’avais été patient, tolérant, mais elles étaient deux ! C’en était une de trop. Je n’en pouvais plus. Je n’étais plus maître de moi-même, et comme si mon geste avait dépassé ma pensée : CLAC !

       Pire que les autres, la moins timide l’avait bien cherché. Elle s’est effondrée. Il était déjà trop tard. Je l’ai ramassée. Je l’ai jetée dehors, inerte.

       Un lézard affamé qui passait par là s’est dit Tiens ! Une mouche !